« Quand on veut, on peut ! ». Derrière cet adage se cache une évidence qui nous échappe parfois : le lien étroit entre l’esprit et le corps. Les performances sportives n’échappent pas à cette règle. Se rendre à l’entrainement sans envie, sans volonté de bien faire, n’est pas de bon augure.
A l’inverse, les recherches montrent l’impact positif des techniques de concentration et de visualisation sur les performances sportives. S’imaginer accomplir un effort, dans la mesure où il est réaliste bien entendu, c’est préparer son esprit au succès.
Sauf que les choses ne sont pas aussi simples à mettre en œuvre, sinon il n’y aurait que des athlètes heureux et épanouis dans leurs œuvres.
Nous sommes très loin de cet état de fait. Pourquoi ? Parce qu’il ne suffit pas de dire « je vais arriver à pousser 140 kg au développé couché » pour y parvenir. Il y a des contraintes liées aux performances antérieures, c’est indéniable, mais il faut que notre mental soit parfaitement imprégné de cette certitude de réussir.
C’est ainsi que les sportifs de haut niveau ont assimilé la nécessité de se préparer tant physiquement que mentalement. Ils s’entourent souvent de coachs spécialisés afin d’affuter leur esprit autant que leur corps.
Bien que l’athlète amateur n’ait certainement pas les moyens de s’offrir un préparateur mental, il peut tout à fait effectuer ce travail sur lui-même à condition de saisir les principes et de s’y astreindre.
Comment rester concentré ?
Contrairement à la visualisation qui s’effectue autant en amont que durant la séance d’entrainement, rester concentré est plutôt un acte de l’instant présent et ne trouve sa place que pendant le training.
Pour rester concentré il s’agit d’apprendre à fixer son esprit sur ce que l’on est en train de faire, de chasser les idées parasites qui pourraient nous empêcher de rester concentré.
Bien que l’on puisse se déconcentrer lors de l’effort, c’est surtout entre deux séries que l’on aura du mal à rester concentré car l’esprit aura tendance à se perdre dans des pensées parasites.
L’idéal pour rester concentré serait de fixer la flamme d’une bougie mais je doute que le manager de votre salle apprécie votre mode opératoire.
Pour rester concentré, il va vous falloir trouver une flamme virtuelle, un moyen de focaliser votre attention sur ce que vous êtes en train de faire ou sur la nouvelle série que vous vous apprêtez à entamer.
Certains vont mettre leurs écouteurs et écouter leur « playlist » préférée pour rester concentré. Cette technique a deux avantages : d’une part, elle isole le pratiquant de bruits ou discussions qui pourraient le perturber et, d’autre part, la prévisibilité de cette liste musicale fait que l’esprit n’en est pas surpris, donc aucunement désorienté.
D’autres sportifs préfèrent au contraire éviter d’écouter de la musique pour rester concentrés. Certains vont marcher, effectuant des allers-retours la tête basse en fixant un point imaginaire devant eux. D’autres vont rester assis, le regard dans le vide, faisant le point sur les sensations de la dernière série ou se motivant pour celle à venir.
En revanche, il y a un comportement rencontré en salle que je trouve contre-productif : celui consistant à s’admirer dans la glace entre deux séries. Je ne critique pas la méthode elle-même, chacun a un rapport différent avec son corps et ce que j’écris n’est pas un traité de psychologie.
Néanmoins, je pense que la contemplation de son physique ne devrait avoir lieu qu’à la fin de la séance, afin de faire le point. Je peux me tromper mais j’ai le sentiment que s’enorgueillir de son reflet (voire se recoiffer) entre chaque série est néfaste si l’on veut rester concentré.
Dans le même esprit, je ne crois pas que consulter son smartphone à moultes reprises durant sa séance soit le meilleur moyen de rester concentré et d’optimiser son training.
Il n’y a donc pas de méthode type pour vraiment rester concentré, à chacun de trouver son point d’ancrage permettant de rester dans l’instant présent.
Principes de la visualisation
La visualisation est un procédé plus élaboré et plus long à mettre en place que la concentration. Son but est de programmer l’esprit afin qu’il accepte la faisabilité d’un mouvement ou d’une performance sportive alors que le corps ne l’a pas encore réalisé (ou à de très rares reprises).
Il s’agit d’un vrai travail de fond qui demande autant de discipline que la pratique physique elle-même, parfois plus. En effet, convaincre son esprit que l’on peut réussir ce qui parait inaccessible à notre instinct n’est pas une mince affaire.
Pour que cette méthode porte ses fruits, il faut partir sur des bases saines : le réalisme de votre ambition. Si à ce jour votre max au squat est de 140 kg, inutile pour l’instant de visualiser un max à 200 kg, tout simplement car cela vous est mécaniquement impossible.
Les progrès doivent continuer de se faire par paliers, la visualisation permettant juste de passer plus rapidement d’un palier à l’autre.
Dans la continuité de cet exemple, imaginez une barre à 150 kg. Ne voyez pas ces 10 kg supplémentaires comme un fardeau mais plutôt comme une rambarde vous permettant de vous hisser à l’étage supérieur.
Ce lest n’est donc plus un ennemi mais un allié vous soutenant dans votre performance sportive. Ensuite, visualisez-vous en train d’effectuer ce squat à 150 kg. Ressentez la contraction musculaire lors de la descente puis dans la montée que vous effectuez avec succès.
Concluez cette imagerie mentale par le bonheur que vous éprouverez alors, votre plaisir de partager votre réussite avec vos partenaires d’entrainements et tous les gens qui vous soutiennent dans votre démarche.
Il est également nécessaire de comprendre que cette programmation de l’esprit passe par de très nombreuses répétitions du scénario. Cette visualisation pourra se faire durant l’entrainement mais c’est surtout en amont qu’il faut s’y adonner.
Concrètement, le matin au réveil, le soir au coucher, lors de moments de pause, allongé ou assis, concentrez-vous sur votre respiration, faites le vide au maximum, puis repassez-vous le film idéal à une ou plusieurs reprises.
Laissez la pellicule se dérouler tranquillement, ne cherchez pas à contrôler la vitesse de projection mais contentez-vous d’être un spectateur attentif et enjoué ce que vous vous voyez en train de réaliser.
Conclusion
Le mental est essentiel dans les processus de progression, y compris dans le domaine sportif. Rares sont ceux ayant la chance d’avoir une génétique exceptionnelle, la plupart des athlètes verrons donc rapidement les limites d’un entrainement axé uniquement vers la performance sportive brute, instinctive.
C’est justement lorsque cette frontière est atteinte que la franchir dépendra de votre capacité à explorer de nouvelles voies, celles offertes par ces techniques de l’esprit en font partie.